Stanley Marjenberg (Echiquier de Vaucresson)
Vice-Champion de France "Poussins" Nîmes 2012 
Bonjour Stanley, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Bonjour, je m’appelle Stanley Marjenberg, je viens d’avoir 10 ans, et j’habite dans les Yvelines, où je suis élève en CM1. J’ai un grand frère, Raphael qui a 13 ans, et une petite sœur, Chloé qui a 4 ans. Raphaël ne joue pas aux échecs, quant à Chloé pour le moment elle s’invente des histoires avec les pièces ! 
Je suis licencié au club de l’Echiquier de Vaucresson dans les Hauts-de-Seine. C’est un petit club avec à peine plus d’une vingtaine de licenciés, mais l’ambiance y est chaleureuse et les conditions de jeu excellentes.
Je suis actuellement classé 1506 Elo Fide. Lorsque je suis passé Fide en Novembre dernier, j’ai perdu 175 points Elo car 8 des 9 parties prises en compte dataient d’un an et demi plus tôt, quand j’avais joué l’Open B du Championnat de Paris en Petit-Poussin ! Je n’ai joué qu’un tournoi Fide et quelques matches par équipe depuis et je n’ai donc pu grappiller que 40 points, mon objectif est de retrouver un Elo Fide au-dessus de 1600 au plus vite.

Quand et dans quelle circonstance as-tu appris les échecs ?
Personne dans ma famille ne joue aux échecs, à part mon grand-père mais il préfère le bridge ! Un jour, quand j’avais 5 ans, mon grand-frère a reçu un échiquier électronique pour son anniversaire. Ca l’a amusé environ 5 minutes, mais moi j’étais fasciné et j’ai essayé de comprendre par moi-même comment bouger les pièces sur l’échiquier. A la rentrée scolaire suivante, mes parents m’ont demandé si je voulais prendre des cours d’échecs, j’ai dit oui, ils ont recherché un club aux environs de mon domicile, et comme il n’y a pas de club, leur choix s’est porté sur le club de Vaucresson qui est tout proche. Voilà comment j’ai poussé la porte d’un club d’échecs pour la première fois en Septembre 2008.
Premier match officiel - Novembre 2008 © Photo François Boury Président de l’Echiquier de Vaucresson

Quel a été ton parcours jusqu'à maintenant ?
J’ai démarré doucement les cours collectifs fin 2008, et à Noël cette année-là, comme mon frère partait en colonie de vacances et que je ne faisais rien, mes parents ont demandé à mon entraîneur,  le MI François Vareille, s’il pouvait me donner quelques cours – un mini-stage ! Jusqu’à là, je connaissais que la marche des pièces et peut-être un ou deux mats au plus, mais pendant ces vacances le déclic s’est produit avec François, et j’ai commencé à jouer beaucoup plus souvent en 2009.

J’ai démarré les tournois dans la foulée, et j’ai tout de suite obtenu de bons résultats. Je me rappelle en particulier du 2ème tournoi rapide de Paris Jeunes Echecs en Mars 2009 : le matin, je remporte ce tournoi devant une cinquantaine de participants avec 7/7 en battant d’autres joueurs plus vieux et mieux classés que moi, et l’après-midi je fête mes 7 ans chez moi avec mes copains ! Une très bonne journée…

L’année d’après, j’ai remporté le titre de Champion Petit-Poussin des Hauts-de-Seine et de Champion Petit-Poussin d’Ile-de-France, et j’ai pu participer à mon premier Championnat de France à Troyes. Un super souvenir même si j’ai quelques regrets car je finis 4ème au pied du podium, après avoir été en tête pendant 6 rondes.
Rebelote en 2011 avec encore une 4ème place en Poussin cette fois, à mon deuxième Championnat de France à Montluçon. Mais là c’était plutôt inespéré car j’avais joué assez loin des premières tables pendant presque tout le tournoi.

Sinon, je joue avec l’équipe adulte de mon club en Nationale IV depuis que j’ai 8 ans et demi. Cela me permet de rencontrer de forts adultes classés entre 1700 et 1900 Fide, pas facile mais je m’accroche !
Avec Raphael et Chloé, en Mai 2009 à Port-Marly, en marge du 2ème Open d'Echecs des Pyramides  © Photo Dan Marjenberg

Combien d'heures par semaine consacres-tu à l'étude des échecs ?
Je prends 2 heures et demi de cours par semaine : une heure de cours collectif au club, et une heure et demi de cours particulier avec François Vareille. La routine est toujours la même : on commence par rejouer une ou plusieurs parties de Grands Maîtres et François m’explique les bons coups. Parfois, on se concentre sur un thème en particulier, ou telle ou telle ouverture. Et puis, à la fin, on file sur un ordinateur et on finit avec quelques parties sur Playchess. On démarre les parties en décidant ensemble des coups à jouer, mais lorsqu’il reste 30 secondes à la pendule, l’envie de gagner devient plus forte que la pédagogie, François prend la souris et gare à l’adversaire !
Playchess a joué un rôle important dans mon parcours échiquéen jusqu’à maintenant, depuis mes début on-line en 2009. Je joue par périodes, parfois je ne joue pas pendant un mois, et après je joue une heure par jour le mois suivant. Au total, j’ai dû jouer 2000 parties sur Playchess depuis 3 ans !
Blitz à Washington Square, New-York - Eté 2009 © Photo Dan Marjenberg

Quel est ton meilleur souvenir jusqu’à maintenant ?
Le Championnat de France 2012 à Nîmes, parce que j’ai enfin pu monter sur le podium !

As-tu un joueur préféré? Une joueuse préférée ?
J’aime bien étudier les parties des Grands Maîtres mais il n’y en n’a pas un que j’aime en particulier.
J’observe souvent leurs parties sur Playchess : surtout Nakamura et Andreikin, et d’autres qui jouent sous un pseudo, je ne sais même pas qui ils sont en vrai !
Stanley Marjenberg au Championnat d'Île de France 2009 © Photo  Ligue Ile-de-France

Stanley Marjenberg au Festival Jeunes d'Evry 2010 © Photo Evry Grand Roque

As-tu d’autres occupations à part les échecs ?
D’abord, je dois dire que je suis fasciné par les grilles américaines, et quand je ne joue pas aux échecs, j’adore apprendre par cœur des grilles de tournois auxquels j’ai participé (ou pas !). J’aime aussi créer de fausses grilles, avec des joueurs réels ou inventés, auxquels j’attribue des appariements et des performances fictives ! Dans mes grilles, cela fait longtemps que Magnus Carlsen a atteint un Elo de 3000 !
Sinon, j’aime beaucoup lire. Plus jeune, je ne lisais que des encyclopédies ou des livres thématiques, mais depuis un an je me suis lancé dans les romans. En ce moment je lis la trilogie de Hunger Games…
Sinon, le seul sport que je pratique en club est le golf, auquel je joue depuis 3 ans.

Troyes 2010 / Montluçon 2011 © Photos Jean-Pascal Roux  (Fédération Française des Echecs)

Peux-tu nous parler de ton titre de Vice-Champion de France "Poussins »" lors du dernier Championnat de France Jeunes à "Nîmes 2012" ?

"Compte-rendu croisé de Stanley et de son entraineur Maître International François Vareille"

Stanley Marjenberg : après deux 4ème places, je pars à Nîmes avec l’espoir de monter enfin sur le podium. Il y a une poignée de joueurs expérimentés dont je me méfie en particulier, le Champion en titre Dimitri Lagarde bien sûr mais aussi Etienne Gao et Romain Kantzer, plus 2 ou 3 joueurs d’Ile-de-France que je connais bien. Je démarre loin des premières tables, mais je ne doute pas de remonter très vite si je m’applique au début du tournoi
François Vareille: Entraînant Stanley depuis plus de 3 ans maintenant, je commence à connaître ses qualités, la concentration et le sang-froid, comme ses défauts, la légèreté dans la réalisation de l'avantage et l'oubli fréquent des préparations théoriques. Heureusement, ces derniers sont bien plus faciles à travailler que les premiers !
Même s'il a jusqu'alors toujours bien figuré dans cette compétition, le rôle du hasard dans les parties de joueurs si jeunes interdit tout pronostic, d'autant plus qu'après une saison passée à affronter des adultes coriaces, Stanley est devancé à l'Elo par de nombreux concurrents.

Stanley Marjenberg : les deux premières rondes sont plus difficiles que prévues. En ronde 1, je joue un Fide, Vlad-Andréi Navrotescu qui vient d’une famille de champions et qui a joué le Top Jeunes cette année avec son club. En Ronde 2, je joue un première année que je ne connais pas. Dans les deux cas, j’attends la faute de l’adversaire mais elle met du temps à venir. 2/2 dans un tournoi qui paraît soudain très ouvert car Dimitri Lagarde et un autre favori ont perdu !
François Vareille : Dans les deux premières rondes, Stanley domine ses adversaires mais se relâche une fois l'avantage acquis. Heureusement, aucun des deux n'en profite, ouf ! 2/2

Stanley Marjenberg : Ronde 3 contre Gabriel Malassagne, encore un Fide et encore une famille de champions ! La partie est très tendue, mais je m’impose dans la douleur. Ronde 4 et premier test contre Etienne Gao, un des favoris classé 1640F. Partie ultra-serrée, Etienne est concentré et ne laisse rien paraître. Alors qu’il est à deux doigts de faire dame et que j’envisage d’abandonner, je parviens in extremis à construire un réseau de mat et je gagne ! Je suis à 4/4 avec Romain Kantzer et deux novices à ce niveau, je suis bien dans la course.
François Vareille : La deuxième journée sera, rétrospectivement, la plus ardue.
Dans la troisième partie, après avoir construit un centre fort, à la troisième ronde, Stanley le sabote lui-même et perd un pion, Il s'accroche ensuite et crée sans arrêt des menaces qui finissent par avoir raison de son adversaire moins coriace, qui rend le pion puis donne une pièce nette : ouf !
La quatrième partie, contre l'excellent Etienne Gao, se révèle une épreuve encore plus difficile : Stanley fait une faute et doit donner deux pions pour sortir d'un clouage mortel. Alors que son adversaire a du mal à digérer ses acquisitions, Stanley s'infiltre de partout et Etienne tombe pour la France : 4/4 !!!

Stanley Marjenberg : troisième journée sans histoire, je joue les deux joueurs surprises du début du tournoi et je gagne vite et sans bavure, 6/6 seul en tête, la journée de demain promet d’être rude !
François Vareille : Par contraste, la troisième journée voit 2 victoires faciles, même si on souhaiterait une réalisation plus propre des avantages : 6/6, seul en tête !

Stanley Marjenberg © Photo Dan Marjenberg

Stanley Marjenberg : Ronde 7 contre un Brésilien 1629F qui a fait le dernier Championnat du Monde au Brésil, je me méfie. Avant la partie, il baille deux fois et chantonne une chanson de son pays, je me dis qu’il n’a pas l’air très concentré et que ça devrait être plus facile que prévu ; effectivement il me donne sa dame après une quinzaine de coups et abandonne dans la foulée.
Ronde 8 c’est le sommet du tournoi contre Dimitri, il ne joue pas ce que j’attendais mais ça va, je connais cette défense que je joue parfois. C’est serré mais il finit par prendre un pion d’avance, et malgré mes efforts, je n’arrive pas à tenir la nulle qui me tendait pourtant les bras. 7/8 ex-aequo, tout se joue demain
François Vareille : La quatrième journée commence avec une troisième victoire facile, l'adversaire perdant sa dame en essayant de sauver un pion : 7/7 (Anne Sinclair s'intéresse au phénomène).
A la huitième ronde, Stanley affronte le favori Dimitri Lagarde, qui remonte à grandes brasses après une défaite surprise à la deuxième ronde. Dimitri a changé d'ouverture depuis leur dernier duel il y a deux ans, et la longue préparation téléphonique s'avère inutile. Dans une position égale, Stanley prend une mauvaise décision et perd un pion. Il s'accroche ensuite et parvient à une finale nulle, mais une deuxième erreur cause sa perte contre un adversaire tout aussi coriace, mais encore un peu au-dessus techniquement : première défaite, et Dimitri et Stanley sont premiers ex-aequo avant la dernière ronde, à 7/8.

Stanley Marjenberg : face à Marc-Antoine Lomandong que j’avais eu beaucoup de mal à battre il y a deux ans et qui entre temps a lui aussi fait un Championnat du Monde pour Monaco (mon 3ème adversaire de suite à y avoir participé !), je me laisse convaincre de jouer une défense rare que j’ai révisé même pas une heure et que je n’ai jamais joué en partie officielle, et ça ne me réussit pas, je ne suis jamais dans le coup et je m’accroche en zeitnot avec du matériel en moins, mais je finis par tomber ; à côté Dimitri bat Etienne Gao, le titre s’envole ! C’est rude après avoir mené pendant 8 rondes ; après une très longue partie je suis le dernier enfant à sortir de la salle, très déçu. Une heure après, la grille américaine est mise sur internet et je suis Vice-Champion, le sourire revient !
François Vareille : Après ces aventures, la neuvième et dernière ronde est bien décevante, la plus mauvaise partie du tournoi : Stanley oublie sa préparation dès le troisième coup sur une défense qu’il joue pour la première fois, se retrouve mal, perd un pion et la partie après une gaffe qui lui coûte un fou.
Malgré les deux défaites de la fin, le début fracassant de Stanley lui assure un excellent départage et le titre de Vice-Champion. Bravo Stanley, plus qu'un petit pas vers le haut !
Nîmes 2012© Photo Jean-Pascal Roux  (Fédération Française des Echecs)

Stanley Marjenberg joue et gagne ...

Championnat de France Poussins 2011 – Montluçon – Ronde 9

Thomas Ariza 1559 – Stanley Marjenberg 1590 (0-1)

Si Thomas gagnait, il jouait le départage pour le titre, mais avec les noirs, je ne lui ai laissé aucune chance ce jour-là, ce qui m’a permis de remonter à la 4ème place au départage (2ème ex-aequo), pas mal pour une première année poussin.

On arrive à la position suivante au 16e coup, les blancs viennent de jouer 
16. h3 ?
16...Ce4!

[ 16...Cg4! est encore meilleur 17.Fg3
Cxf2+ 18.Rh2 Fg5 19.Db1 f5 20.Fxf2
Dxf2-+ ]

17.Fg3?!
[ 17.Cxe4 Fxh4 18.Cd6 Ted8 19.Cf5 Fxf5
20.Fxf5 Fxf2-+ ]

17...Cxf2+ 18.Fxf2 Dxf2 19.Tf1 Da7
[ 19...Dh4 ]
20.Df4 Dd7 21.Df3 Fd6 22.Tae1 Tf8
[ 22...Tab8 ]
23.De2 Tab8! 24.Tb1 Tb4 25.Fxa6
.. Fxh3!! 
26.a3 Fxg2+
[ 26...Th4 moins joli mais encore meilleur
27.gxh3 Dxh3+ 28.Rg1 Fc5+ 29.Df2
Dg4# ]

27.Rxg2 Tg4+! 28.Rf3
[ 28.Rh1 Th4+ ]
[ 28.Rf2 Te8 ]

28...Tg3+ 29.Rf2 Te8 30.Dh5 Da7# 0-1

















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